Le jeune homme à la trompette (Dorothy Baker) – L’occasion fait le larron

Vous l’aurez peut-être constaté, je suis plus assidue sur Instagram, dont l’instantanéité me convient apparemment mieux ces derniers temps.

Et pour cause ! je lis trop pour tout chroniquer (mon retourneur de temps n’est pas encore opérationnel). Mais tant mieux ! Retrouver mon goût pour la lecture-plaisir (dont mes études de lettres et mes premières années d’enseignement m’avaient éloignée) était un des objectifs de ce blog, quand je l’ai ouvert en 2016 (damned six ans !). Je ne vais quand même pas me plaindre d’avoir réussi.

La très dynamique communauté de « bookstagrameurs« , construit une fructueuse émulation. Chaque année, une myriade de « challenges lecture » voient le jour. Parmi eux, celui de Recyclivre, qui change de format pour 2022 en proposant un défi par mois.

Eh bien accrochez-vous, parce que j’ai OVER-VALIDÉ le premier défi de l’année !

Un livre acheté d’occasion ? Hmm, fingers in the nose, j’en ai des piles entières sous la main, ils constituent même l’essentiel de mes lectures depuis quelques temps.

Je me suis donc imposé une contrainte supplémentaire : trouver dans ma PAL un livre dont on peut VOIR au premier coup d’œil qu’il est de seconde main.

J’ai rapidement déniché Le jeune homme à la trompette, de Dorothy Baker (1938, trad. 1951). Il avait tout du candidat DOUBLEMENT IDÉAL, comme vous allez le constater : non solum cet exemplaire est clairement un rescapé de mise au pilon (François Mitterrand était encore Président la dernière fois qu’il a été emprunté, c’est dire) – merci aux bibliothèques d’Avignon pour le sacrifice -, ‌sed etiam* on ne peut se le procurer QUE d’occasion, puisqu’il a été rayé du catalogue Gallimard en 2013 !

* Ouais, fallait prendre latin au lycée.

Évidemment, le #ChallengeRclJanvier n’a fait que me fournir un prétexte : j’avais envie de lire Le jeune homme à la trompette depuis longtemps (depuis la mort de Kirk Douglas en fait, c’est-à-dire presque deux ans → voir ma wishlist de février 2020).

Il était en ma possession depuis un bon moment déjà, mais je le laissais vieillir encore un peu en attendant une occasion spéciale pour l’ouvrir (oui, je viens de comparer mon livre à une bouteille de vin, c’est normal). J’avais très envie d’y goûter, j’avais peur d’être déçue, mais tant qu’il restait fermé c’était potentiellement un grand cru ET une piquette (le livre de Schrödinger quoi).

Bref, j’ai décidé que cette occasion spéciale était arrivée et je l’ai lu le week-end dernier.

Je nourrissais beaucoup d’attentes quant à la lecture de ce roman, car tous les ingrédients étaient réunis pour en faire – selon mes critères – une petite pépite (sans parler de son odeur de vieux livre aux pages jaunies, dont je me suis fait de petits sniffs tout au long de la lecture).

Verdict ? Une opération séduction (réussie) en trois étapes :

1. D’abord, le sujet. Eh oui, quand même. C’est l’histoire de Rick Martin, un virtuose du jazz dans le New-York des années 1920. En fait, il s’agit d’une espèce de biographie romancée du célèbre cornettiste Bix Beiderbecke, et la musique constitue le cœur du roman : je retiendrai d’amples descriptions du jeu de Rick Martin, des émotions et des idées qui le traversent quand il joue sa trompette, et l’évocation de très nombreux titres musicaux (que je m’empressais à chaque fois d’aller écouter sur Spotify tout en continuant à lire). Un livre SWING !

2. J’avais adoré le film hollywoodien de 1950, à cause de Kirk Douglas (je le kiffe) et de toutes les scènes musicales (ambiance jazz Nouvelle-Orléans).Les livres dont j’ai d’abord vu les adaptations m’attirent toujours, parce que ne pas connaître la version originale d’une œuvre me frustre, et parce que j’aime comparer/analyser les choix d’écriture. Ici, je me suis rendue compte que le film avait choisi plutôt de s’éloigner des clubs de jazz afro-américains, et de forcer le trait quant à la figure du musicien maudit, inadapté, tourmenté, et à son histoire d’amour ratée. Le fourmillement permanent de la création musicale y est moins tangible. La réflexion sur les rapports entre Noirs et Blancs aux USA à cette époque, sur la culture noire du jazz et la place d’un musicien blanc au milieu de tout ça est par ailleurs quasiment ignorée par le film.

3. Enfin, et peut-être surtout, la traduction française est de Boris Vian 𝘩𝘪𝘮𝘴𝘦𝘭𝘧, coiffé de sa double casquette d’écrivain gouailleur ET trompettiste de jazz (inutile de vous rappeler que je kiffe aussi Boris Vian – 𝘩𝘦𝘭𝘭𝘰 absurdité 𝘢𝘯𝘥 ironie 𝘮𝘺 𝘰𝘭𝘥 𝘧𝘳𝘪𝘦𝘯𝘥𝘴). Eh bien sa version est un bijou. Depuis l’introduction jusqu’aux notes de bas de page, en passant par des paragraphes truffés d’argot musicien… j’ai pris beaucoup de plaisir à lire le roman à travers le prisme de la traduction.

En bonus, je partage avec vous le MEILLEUR site pour trouver tous les livres d’occasion de vos rêves : Chasse aux livres. Ce comparateur recense les offres disponibles sur Internet, compare les prix, renseigne sur leur évolution. Mais surtout il dispose d’une fonction « alerte » dont j’use abondamment pour ne louper aucune… occasion !

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